
J’avais 10 ans,
Maman m’avait acheté un beau seau vert,
Vert-platane.
Il sentait bon le plastique bien chaud.
Moi je voulais le rouge,
Mais maman avait dit « non ! ».
Pourquoi celui-là plutôt qu’un autre,
Maman ne répondait pas.
Elle avait déjà jeté le seau dans le caddie.
Maman répondait rarement.
Vert-platane, cela faisait une drôle de tâche au milieu des bananes et des tomates.
Au final, j’avais beaucoup aimé ce seau… Qu’est-il devenu ? Fichtre !
Alors bon, j’étais là, fier avec mon seau tout neuf, sur les quais,
A regarder les poissons éclater de rire.
J’avais un peu honte mais les rires des dorades,
C’était beau quand même.
Est-ce-que les scintillements de la mer, ce sont les yeux des poissons qui se tordent de rire ?
C’est une question qui me turlupinait.
J’ai voulu en avoir le cœur net et j’ai commencé à vider la mer.
Seau après seau, la peau des pieds toute écorchée sur le quai granité,
J’ai porté la mer, goutte après goutte. C’est infini la mer, Dieu que c’est infini !
J’avais dix ans. On n’est pas sérieux quand on est haut de dix ans et qu’on a l’océan infini comme ami.
On divague, on est naïf, on croit aux rêves impossibles. J’avais dix ans avec mon si beau seau vert,
Et, j’ai vidé la mer.
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